Nous avons divisé notre thème principal « Nouvelles réalités de la politique et de l’humanitaire: entre solidarité et abandon » en cinq sous-thèmes pour soumettre vos Panels :
1) Santé et environnement
2) Décentraliser les études humanitaires
3) Économie politique et politique de l’humanitaire
4) Technologie et innovation
5) Migration, personnes déplacées et réfugiés
Lire la description complète ci-dessous :
Alors que l’épidémie de Covid-19 a amené la santé au premier plan des agendas politiques dans le monde entier, les questions de santé vont bien au delà, et sont étroitement liées à des problèmes environnementaux globaux. Par exemple, il a été argumenté que la COVID-19 est la résultante d’une hausse des interactions entre humains et l’habitat des animaux dans un contexte d’urbanisation rapide. De manière générale, il y a eu une augmentation des maladies infectieuses au cours des dernières décennies. Nombre des causes profondes du dérèglement climatique, telles que la déforestation, augmente aussi la probabilité et la durée des épidémies. Les effets du dérèglement climatique ont de nombreuses répercussions directes et indirectes sur la santé, l’accès aux soins, et la capacité des acteurs à réagir (menace directe sur leur vie, problèmes psychologiques, émergences de nouvelles maladies et augmentation des allergies, la croissance de la pollution, dégradation des conditions sanitaires et d’accès à l’eau potable, etc). De surcroît, le dérèglement climatique affecte lourdement les dynamiques sociales et économiques directement liées à la santé. L’épidémie de COVID-19 pose une menace supplémentaire dans des contextes fragiles et humanitaires en ajoutant une charge supplémentaire à des systèmes de santé déjà faible, en perturbant les chaînes d’approvisionnement pour les médicaments et les produits essentiels, et en se propageant rapidement dans les espaces plus fragiles en termesd’hygiène et aux installations sanitaires insuffisantes. La Covid-19 et les restrictions associées affaiblissent la résilience et les stratégies d’adaptation de communautés vulnérables en pleine crise humanitaire, et aggravent la crise de l’insécurité alimentaire. On prévoit une augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans les pays touchés par des conflits, des catastrophes naturelles ou des crises économiques. Des estimations récentes indiquent également que plus de 6000 enfants pourraient mourir chaque jour de causes évitables en conséquence directe et indirecte de la perturbation des systèmes de santé et de l’accès réduit à la nourriture liés au COVID-19.
Le Rapport sur les catastrophes dans le monde 2020, publié par la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-rouge et du Croissant-Rouge, relie 83%de toutes les catastrophes de la dernière décennie à des conditions météorologiques dangereuses exacerbées par le dérèglement climatique, telles que les inondations, sécheresses ou vagues de chaleur. Réunies, ces catastrophes ont affecté 1,7 milliard de personnes dans le monde. Parmi plusieurs conséquences, les catastrophes d’origine climatique menacent directement la santé en provoquant des maladies, des blessures graves et la mort.
Pour mieux comprendre les liens entre la santé et l’environnement, ce volet accueille favorablement les panels qui explorent les interconnections recelant des données probantes et des recommandations pour des solutions globales qui créent des synergies et qui abordent plus d’une crise sur tous les niveaux. Nous accueillons favorablement des panels qui couvrent mais ne se limitent pas à : la santé et les catastrophes dues au dérèglement climatique ; le dérèglement climatique et le rétablissement pandémique ; comparaison de la COVID-19 avec des pandémies antérieures ; le rôle des fondations philanthropiques, des entreprises et des organisations locales dans l’action humanitaire et la reconstruction du secteur de la santé durant la COVID-19 ; des interventions de santé novatrices qui améliorent la programmation humanitaire, etc.
Ce thème hébergera des panels, des tables rondes et autres activités durant la conférence qui s’intéresseront aux quatre dimensions interdépendantes de l’éthique, de la recherche et de ses mises en application dans l’action humanitaire et les études humanitaires. Celles-ci sont :
Éthique de l’action humanitaire
L’action humanitaire est depuis longtemps régie par une éthique dérivée des principes et normes humanitaires structurés par le droit international humanitaire (DIH). On observe de plus en plus de remises en question de cette éthique, et que les principes humanitaires, plus orientés sur le comportement des organisations qui les adoptent, ne peuvent pas apporter toutes les réponses. Même le principe d’humanité le plus fondamental (le désir de soulager la souffrance où qu’elle puisse se trouver) est remis en question : toutes les vies sont-elles traitées de manière égale dans la pratique humanitaire ? Nous voyons aussi des éthiques alternatives se proposer, basées par exemple sur la justice, la solidarité ou le féminisme, et la question est de savoir comment elles s’articulent aux éthiques classiques de l’humanitaire. Comment est-ce que de nouvelles connaissances ou d’éminents débats (par exemple à propos du dérèglement climatique) et les perspectives qui en découlent influencent-elles les débats sur l’éthique humanitaire ? Et que peut-on apprendre des développements dans les relations internationales et des approches post-occidentales ? Comment la délibération éthique est-elle organisée autour de nouvelles questions à tous les niveaux (individuel, opérationnel et institutionnel) ? Il s’agit aussi de la façon dont les humanitaires opèrent dans le champs moral de l’action humanitaire et font respecter une culture éthique. Quels sont les différents processus, mécanismes, structures, (etc) dans les agences qui cultivent ou entravent les pratiques éthiques, que ce soit de manière officielle ou officieuse ?
L’éthique dans la recherche
Les activités de recherche dans les études humanitaires sont sujettes à des comités d’éthique et se doivent de respecter des normes éthiques. L’éthique des pratiques de référence est-elle applicable dans des zones de conflit, et comment peut-on traiter les dilemmes qui risquent de se poser ? Et que faire à propos de l’éthique qu’implique le travail de terrain et les méthodologies de recherche, en particulier avec les méthodes participatives et autres techniques visant à mettre la perspectives des acteurs dans les pays en crise au premier plan ?
Enseignement et apprentissage dans l’humanitaire
L’enseignement sur l’humanitaire et son apprentissage se sont rapidement développés. Le site de l’IHSA propose une liste de 200 programmes. Comment les programmes pédagogiques traitent-ils de l’éthique humanitaire et des études humanitaires ? Quels modèles pédagogiques sur l’éthique appliquent les établissements universitaires qui s’intéressent aux études humanitaires et avec quels résultats ? Comment les acteurs et les systèmes humanitaires s’adaptent-ils et changent, ou ne le font pas ? Comment les nouvelles formes d’éducation, telles que l’apprentissage en ligne et les CLOM, changent-elles le paysage éducatif, et les nouvelles collaborations évoluent-elles pour utiliser l’éducation afin de renforcer les capacités humanitaires dans les zones en crise ? Comment l’apprentissage humanitaire peut-il être facilité au mieux ?
L’éthique dans les études humanitaires
Les études humanitaires ou l’analyse des crises, acteurs et secteur humanitaire dans une approche disciplinaire – et les champs adjacents d’études sur les catastrophes ou les études sur les réfugiés – sont de plus en plus critiquées car essentiellement issues des pays du nord. Les chercheurs se sont engagés au Sommet humanitaire mondial à briser les hiérarchies et les inégalités au sein des études humanitaires, et ce volet vise à suivre cet engagement. Pour cela, au-delà de contributions conceptuelles et analytiques, nous sommes particulièrement intéressés par les données empiriques des pays du sud, et comment ils façonnent le discours humanitaire international et ses pratiques ou échouent à le faire. Nous encourageons des panels qui approfondissent notre compréhension de l’économie politique des universités, y compris de leurs flux financiers, cultures de publication, accès aux ressources et de comment ceux-ci influencent la position des chercheurs provenant de pays du sud en crise dans les processus de production de connaissance et de qualité « perçue » de ces savoirs, ainsi que des implications éthiques de ces dynamiques.
Ce thème accueille des panels fondés sur une approche d’économie politique qui traite de la nature politique des crises humanitaires, les politiques d’apport d’aide ou de son retrait, ainsi que la politique de gouvernance humanitaire. Cette diffusion comprend des débats sur la politisation de la loi humanitaire internationale, les obstacles à la négociation de l’accès humanitaire, l’instrumentalisation des principes humanitaires, et les politiques qui circonscrivent l’action humanitaire lors des conflits.
En définitive ce volet pose les questions suivantes: quelles sont les problématiques politiques au cœur des crises humanitaires ? Qu’est-ce qui, en effet, fait « politique » dans le contexte humanitaire? Et comment les acteurs de l’aide humanitaire s’impliquent-ils dans cet environnement politique ?
Les problématiques essentielles comprennent mais ne se limitent pas à : comment la politique de gouvernance humanitaire a-t-elle évolué au fil du temps ? Quelle est l’importance et la pertinence de la pratique du témoignage – quand et comment les acteurs humanitaires devraient-ils prendre la parole ? Quelle est l’importance du concept de titrisation dans l’étude des crises humanitaires et des acteurs de l’aide humanitaire ? Sommes-nous en fait dans une ère d’abandon humanitaire ? La question d’où se porte la responsabilité dans n’importe quelle intervention humanitaire reste une question ouverte. Et comment le contexte légal dans lequel les acteurs humanitaires opèrent a-t-il changé ?
Les enjeux pouvant être explorés d’après les problématiques exposées ci-dessus dans ce volet peuvent inclurent des négociations politiques et les relations entre l’Etat, l’aide humanitaire et la société. L’économie politique de « l’interférence » d’Etat dans l’aide humanitaire, la titrisation de l’aide humanitaire, et les discours anti-humanitaires. La politique de responsabilité envers les populations touchées et comment cette responsabilité est-elle liée au développement de discours humanitaires ? Comment l’implication politique de gouvernements nationaux, régionaux et internationaux impacte l’environnement légal de l’espace humanitaire. Des enjeux autour de la criminalisation de l’aide humanitaire pourront être explorés, ainsi que l’ordre du jour des droits de l’homme et ses interconnections avec l’action humanitaire. Des enjeux légaux supplémentaires peuvent inclure la juridiction légale ; la judiciarisation de l’action humanitaire ; les barrières légales à l’attribution des aides ; et les lois antiterroristes.
Tous ces thèmes sont voués à affecter la gouvernance de l’action humanitaire, mais de quelles façons ? C’est ce que ce volet espère éventuellement explorer dans toutes ses multiples facettes.
Le paysage digital évolue rapidement, de l’usage et normalisation des analyses Big Data à la compréhension des habitudes de vote et de la transmission des maladies, l’utilisation de la biométrie pour comptabiliser les réfugiés et bénéficiaires de l’aide, les technologies blockchain pour promouvoir l’inclusion financière, et l’internet des objets pour superviser des maisons et des villes intelligentes. En particulier dans une époque post-épidémie COVID-19, les gadgets et processus digitaux façonnent et refaçonnent les façons dont les humanitaires interviennent et interagissent avec ceux qui sont affectés par les crises et les conflits, mais aussi comment ces communautés interagissent, résistent et refaçonnent l’action humanitaire. Ceux-ci comprennent l’utilisation d’évaluations mobile, l’utilisations d’applications et d’interventions mobiles de santé (mhealth), les transferts de fonds, les technologies éducationnelles pour les enfants et la jeunesse, et la réponse vocale interactive (IVR) ainsi que la télécartographie, les drones, wearables, et l’intelligence artificielle. Leur usage grandissant a soulevé des questions sur la protection de la vie privée, la responsabilité quant aux donnés, la dignité digitale, et sur comment les humanitaires devraient se préparer à des cyberattaques.
Nous invitons des panels d’universitaires, de professionnels et d’innovateurs qui s’intéressent aux façons dont les technologies digitales, les big data, et l’agenda des innovations changent les relations entre des intervenants clés de l’action humanitaire, et approfondissent notre compréhension de ce qu’on considère être un humanitaire et l’aide humanitaire. Elles changent aussi l’économie politique de l’aide internationale.
Nous lançons un appel aux panels et contributions sur les processus de données, la donnéification, la numérisation des réponses, et la montée d’une économie des données humanitaires. Nous sollicitons en particulier les contributions sur la logistique et la gestion de chaînes d’approvisionnement. Nous accueillons aussi favorablement les contributions sur les cadres normatifs utilisés pour encadrer les nouvelles technologies ; la relation entre technologie et encadrement ; et les nouvelles méthodologies pour comprendre l’impact du paysage numérique sur l’action humanitaire. Enfin, en ce qui concerne les perspectives transversales, nous accueillons favorablement des panels sur l’éthique humanitaire (y compris la relation entre technologie et l’aide à la décolonisation), les approches basées sur le genre à la technologie, les approches évolutives fondées sur les droits à la technologie humanitaire, comment l’inclusion numérique peut ou devrait être incorporée dans la régionalisation et l’agenda des ODD, l’importance grandissante de « l’efficacité » comme principe clé de l’action humanitaire, la politique des « corps numériques », et les initiatives autour de la responsabilité et la transparence.
Ce thème se concentre sur les mouvements mondiaux de réfugiés et de migration et leurs politiques, notamment les droits des réfugiés et migrants à n’importe quel stade de leur voyage et les politiques de protection et d’assistance. Il couvre également la gestion de la mobilité, et des implantations de personnes déplacées et de réfugiés. Les mouvements migratoires complexes dans des situations fragiles et instables impliquent souvent l’exploitation et l’abus des réfugiés et des demandeurs d’asile au long de leurs voyages dans des contextes qui sont peu régulés par des institutions et des mécanismes légaux.
Bien que la migration forcée soit souvent conceptualisée comme temporaire et destinée à se terminer en retour au pays d’origine, il est maintenant évident que les crises politiques et économiques ont tendance à durer de nombreuses années et à créer des situations de déplacements et des réfugiés à long terme. En outre, des personnes peuvent migrer en raison de crises structurelles dans leur pays d’origine ou pour suivre leurs aspirations. Le thème vise également à couvrir l’éventail des causes et des moteurs de la migration ; y compris par exemple les conflits et la famine, mais aussi la destruction des écosystèmes liée au climat. Les contextes des réfugiés changent également en ce sens que beaucoup résident maintenant hors de camps, une situation qui offre des opportunités et de nouveaux défis. La migration et le peuplement vers les zones urbaines s’accélèrent dans de nombreux contextes africains et asiatiques, ce qui exige de nouvelles approches et de nouvelles alliances avec, par exemple, le milieu des affaires.
Les politiques humanitaires, de réfugiés et de migration changent également, par exemple avec les nouveaux Pactes mondiaux sur la migration et les réfugiés, et le Cadre global d’intervention auprès des réfugiés (CRRF en anglais) de 2016. Ces mesures visent à créer des possibilités de partage des responsabilités plus efficaces, des interventions de plus large portée et davantage de droits pour les personnes déplacées afin de permettre l’autonomie économique. Mais elles pourront aussi peut-être limiter les façon dont les personnes en migration pilotaient leur sort lors du déplacement par le passé, une dynamique dont on ne sait que très peu à part des témoignages anecdotiques.
Ce volet thématique accueille des panels qui examinent les défis auxquels les réfugiés, migrants et communautés d’accueil sont confrontés dans les lieux d’origine, le long du parcours et dans les lieux d’arrivés. Nous appelons également des panels qui dévoilent des conclusions sur les répercussions des politiques conçues pour gérer les flux migratoires et de réfugiés, ainsi qu’à apporter assistance et protection. Nous encourageons les panels qui se concentrent sur les réalités régionales et mondiales, sur les conséquences du renforcement des mécanismes de contrôle aux frontières, et des politiques de détention ou de retour forcé au pays. Les panels sur les soi-disant crimes de solidarité et le rôle des nouveaux groupes militants sont également encouragés.